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Aller au-delà de l’histoire de vie


Depuis plusieurs décennies maintenant, on accueille les nouveaux résidents en centre d’hébergement en considérant qu’il est essentiel d’avoir une connaissance approfondie des maladies, des incapacités, mais aussi des situations de vie de chacune des personnes hébergées; on considère que ces informations sont nécessaires pour assurer une prestation de soins et services adaptés à leurs besoins d’accompagnement et d’adaptation, notamment en ce qui a trait à la communication, à la reconnaissance des personnes, à la mémoire, à l’orientation dans le temps, l’espace et à la perception de la notion de danger.

Ainsi, depuis, on considère donc la personnalité, la culture et l’histoire de vie des résidents. « Enfin » disaient certains. Ce fut effectivement un changement crucial qui a aidé, et aide encore, à diminuer les comportements difficiles.

« Mais encore? » disons-nous aujourd’hui, puisqu’il y a place à amélioration, à aller plus loin.

Passer du sommaire à l’anecdote
En effet, d’inclure ces données personnelles dans le dossier d’un client est une excellente idée, il est essentiel d’adapter les façons d’être et d’agir avec les gens selon qui ils sont, à leurs habitudes, à leurs peurs, etc. parce qu’ils sont dans leur milieu de vie. Cela permet de réduire les comportements difficiles mais aussi de faire sentir la personne importante, de renforcer son estime personnelle, de préserver sa dignité.
Toutefois, le profil décrit par la famille est souvent bien sommaire et ne trace que les grandes lignes du passé : ses origines, son métier, ses croyances, etc. Sauf que l’humain est bien plus complexe et c’est souvent dans les détails et les anecdotes que s’est forgé sa personnalité. Sans compter toutes ces péripéties que les enfants ignorent!

Il est donc fort intéressant de sonder plus profondément dans l’histoire de vie afin d’en découvrir davantage sur le passé de chacun. Des jeux et des activités de réminiscence sont bien à propos. En prime, il est généralement fort apaisant et sécurisant pour les aînés avec des troubles neurodégénératifs tels que la maladie d’Alzheimer de replonger dans le passé. Et, comme ils ne font pas exception à la règle qui veut que le sujet préféré de chacun soit lui-même, ils seront probablement fort enclins à participer à la discussion. Il ne faut pas exclure les non-verbaux, qui peuvent partager à leur façon, selon les activités proposées. Vous aurez alors, tout comme les autres résidents, l’occasion de découvrir qui sont ces gens que vous côtoyez tous les jours.

Rester ouverts
De plus, ce n’est pas parce qu’un personne n’a jamais fait quelque chose que ce n’est pas quelque chose qu’elle pourrait aimer. Nos aînés n’ont pas vécu dans la société des loisirs actuelle et leur quotidien était généralement bien rempli de tâches et obligations. Rien ne vous empêche donc de leur proposer des activités qui sortent de leurs habitudes et cela ne vient aucunement en opposition avec l’idée de préserver leur identité et de ne pas les confronter.
En fait, il ne faut pas présumer du passé de quelqu’un pour le définir aujourd’hui. Les gens changent et évoluent; la vieillesse et la maladie apportent parfois des changements surprenants dans les intérêts et les envies. Sans compter les inhibitions qui tombent, accompagnée de la peur d’être jugé et de la pression d’être conforme à un modèle.


En effet, ce n’est pas parce qu’un homme qui a passé sa vie à travailler dur, avec de la machinerie et des tracteurs qu’il ne prendra pas plaisir à peindre, avec un tout petit pinceau, une œuvre tout en détails et en finesse. De même qu’une femme qui a toujours pris soin de sa famille, cuisinant, tricotant et raccommodant ne préférera pas manier le marteau, la scie et les autres outils qui lui étaient inaccessibles dans sa jeunesse.
N’hésitez donc pas à proposer des activités qui peuvent sembler, à prime abord, incongrues avec l’histoire de vie à laquelle vous avez accès! Des talents cachés, parfois bien enfouis, se terrent peut-être chez certains de vos résidents.